Mythe #1: Leica a introduit le format 35mm

Il fréquent d'entendre dire, ou pire, d'écrire, des choses comme: "L'utilisation pour la première fois de film cinéma 35mm dans un appareil photo par Leica a révolutionné la photographie ! Légèreté et discrétion pour tous les reporters !" (ok, avec peut être un peu moins d'emphase, mais presque).

Révolution ? Du calme. Du calme avant de sortir les trompettes. Le bruit assourdissant d'un lieu commun erroné, répété à l'envi aussi bien par les Leicaphiles que par les désargentés, a bientôt fini de tous nous rendre sourd.

Nous rendre sourd à la glorieuse vérité Française. Oui, monsieur. Le premier appareil photo 35mm a atteindre la production de masse a été le "Homeos", en 1913, un an avant le prototype "UR" d'Oskar Barnack. Et il aura fallu attendre 1925, soit plus de 12 ans, pour que le premier Leica ne soit commercialisé.

Une liste des premiers appareils photos adaptés au format 35mm est consultable sur ce site.

Alors certes, des cocoricos exagérés seraient peut être malvenus. Les enfants d'Oskar Barnack construisent toujours des Leica quelque part en Allemagne. Alors qu'il est vrai que de Jules Richard, l'inventeur de l'Homeos, il ne reste qu'un lycée technologique à son nom dans Paris.

Source: Communiqué Leica
"Au lieu des grandes plaques en verre fragiles, Barnack se décida pour la pellicule cinématographique et construisit un petit boîtier approprié. Grâce à l'excellent objectif calculé par Max Berek, il put, à partir de 1913, réaliser des photos convaincantes avec le tout premier Leica : son "Ur-Leica". Le LEICA 1, présenté en 1925, en tant que premier appareil petit format"

Mythe #2: La visée télémétrique est la plus précise

Ce mythe rentre dans la catégorie "blague carambar" tellement son énormité est insolente.

Avec un reflex, ce que vous voyez est ce que vous obtenez. Si dans le viseur le sujet est flou, le cliché du sujet sera flou. Simple, non ? C'est comme ça que la photo devrait être, n'est-ce pas.
Avec un télémétrique, magie, dans le viseur tout est net. Votre appareil est déréglé, votre objectif est mal calé: surprise au moment de découvrir les photos !

La mise au point télémétrique se fait avec l'aide d'un hasardeux système de patch qui doit venir se juxtaposer avec l'image du sujet. La lumière est aveuglante ? Le contraste faible? Pas de lignes auxquelles se raccrocher visuellement ? Le sujet bouge ? Bonne chance pour obtenir une photo net rapidement. La visée télémétrique, c'est la vivacité du 3ème age. Avec un reflex, ce que vous voyez est ce que vous obtenez.

La visée reflex est claire: la scène, et en son centre un stignomètre (nb: un reflex argentique combine bien souvent trois système de mise au point: par jugé du flou et du net, par contraste, par coïncidence des lignes). La visée télémétrique, elle, est encombrée de deux patchs, des cadres de visées, et, cerise sur le gâteau, par un bout de l'objectif. Et c'est encore pire lorsqu'il est équipé de son pare-soleil !

Autre soucis de la visée télémétrique: les cadres de visées. Vous avez un objectif 40mm, mais le viseur de votre appareil n'a pas les lignes de visée adaptés au 40mm ? Vive la précision et le shoot au petit bonheur la chance.

- Mmph! Serez vous un peu... Est-ce que mon appareil va prendre toute la famille ou pas ?
- Pas grave, prend la photo au pif, à vue de nez. On verra après au développement et au tirage. Au pire on reprendra la photo si un jour la famille se réunie une nouvelle fois au complet !

Avec le système reflex vous visez à travers l'objectif lui-même. Ce que vous voyez est ce que vous obtenez. Profondeur de champ incluse.

La visée télémétrique n'est qu'une visée point & shoot améliorée. Et encore, les point & shoot sont autofocus, eux.

Mythe #4: Les meilleurs appareils pour le photojournalime

Les télémétriques étaient les plus utilisés par les photojournalistes il y a 50 ans, lorsqu'il n'y avait pas de concurrence pour des appareils de petite taille. Cela a changé avec l'arrivée du Nikon F, le premier reflex 35mm, dans les années 60. Depuis, de la guerre du Vietnam jusqu'à aujourd'hui, les photojournalistes de tout type utilisent des reflexs.

Quand vous êtes médecins à la retraite, vous achetez un appareil télémétrique pour des questions de statut social, de design, d'histoire de la marque. Les photojournalistes sont des professionnels qui n'ont que faire de ces arguments sentimentaux. Leurs critères sont ceux de la qualité, des fonctionnalités, de la fiabilité, de la praticité, de la performance.

Pas de savoir s'ils doivent changer le revêtement simili-cuir de l'appareil par de l'autruche pour que cela fasse plus joli sur l'étagère. Car, oui, la précision a été omise: les photojournalistes utilisent leurs appareils photos pour prendre... des photos.

De plus, les appareils télémétriques ne supportent pas zooms et longues focales. Il est impossible de prendre des photos lointaines dans une zone de conflit, lors d'un événement sportif, ou autre, avec un télémétrique. Pour cela, les utilisateurs de télémétriques ont une méthode bien à eux, ils trichent.

Mythe #5: Les objectifs Leica sont au dessus du lot

Eh bien, pour plus de 3000€ n'importe qui fait, et est capable de faire des objectifs de très bonne
qualité. En revanche, contrairement aux autres, Leica ne sait pas faire d'objectifs de très bonne qualité à un prix raisonnable. Faiblesse.

Carl Zeiss, Nikon, Canon, peuvent-ils produire des objectifs de même qualité que les Leica ? Oui, et tous les tests le prouvent. Leica n'a pas le soit-disant monopole de l'objectif haute qualité.

Mais notre médecin à la retraite, Leicaiste depuis qu'il a lu un article sur Henri Cartier-Bresson, ne veut rien savoir de ces arguments bassement techniques. Les photos shootées avec son Summilux à 5000e, mais oui c'est sûr, elles ont une âme ! Pour ce prix là, un ingénieur de Solms a forcement enfermé dans l'objectif un peu des cendres d'HCB ! Tout s'explique, enfin.

Si les objectifs Leica étaient au dessus du lot, qui est-ce qui les utiliseraient en priorité ? Les chefs opérateurs et autres directeurs photos de longs métrages bien entendu. Car c'est devant les caméras de cinéma que l'on trouve les objectifs les plus exceptionnels jamais produit. Piqué, définition et micro-contraste ahurissant sont exigés par les films 35mm pour pouvoir être projetés dans d'immenses salles obscures.

Les objectifs Leica sont-ils les plus utilisés au cinéma ? Non.

Mythe #6: La fiabilité est dans le camp télémétrique

Le télémètre est un système complexe de leviers mécaniques, des pivots, de prismes et des miroirs qui peuvent s’écarter de quelques millimètres et mettre à mal tout le système de prise de vue.

Les reflexs ? Un miroir qui se lève et qui s'abaisse. La fiabilité est dans le camp reflex.


Mythe #7: Le viseur large est un avantage

Le viseur d'un appareil photo télémétrique couvre un champ de vision plus grand que les cadres de visée collimatés qu'il affiche. "Cela permet d'anticiper !", dit-on. Aux dernières nouvelles, les photographes de sport mécanique n'ont pas de problèmes d'anticipation avec des bolides lancés à 300 km/h, et ils n'utilisent pas de télémétriques.

Pour anticiper il suffit de bouger un peu l'appareil, ou de lever la tête. Pas besoin d'un viseur large.

Le soucis qu'entraine les viseurs bâtards des télémétriques est que leur champ de vision n'est ni adapté aux grand-angles inférieurs à 28mm, ni aux focales longues supérieurs à 90mm.

En effet, le cadre de visée sera, respectivement, trop grand ou ridiculement petit. Pour un appareil qui se veut être un outil de précision pour photographes exigeant c'est assez risible.

Plusieurs solutions, ma foi pas mal comiques, s'offrent alors à vous: acheter un deuxième appareil avec un grossissement différent, ou bien équiper celui que vous avez avec tout une armada de viseurs externes ou de goggles. En plus de rendre très saillant votre appareil, praticité et précision sont au rendez-vous.

Ajoutons qu'autres les soucis des cadres non adaptés, de la non-possibilité de visualiser la profondeur de champs, etc, des soucis de parallaxes se posent lors des plans rapprochés ou macro...